Correspondance : s'écrire
Lien intergénérationnel sur le territoire
Le département de la Seine Maritime déploie depuis plusieurs années scolaires le projet Correspondance. Il réunit sur le territoire des collégiens, des personnes âgées et la médiathèque départementale au cours d’ateliers d’écriture animés par des auteurs, autrices, écrivains ou écrivaines. Une politique publique de l’écriture, de la lecture et du lien intergénérationnel réjouissante ! Valentine Passemard, autrice, a déjà réalisé l’animation de plus de 40 ateliers d’écriture amenant à l’échange de près de 1500 lettres. Médiathèques, collèges ou maisons de retraite de la Seine maritime peuvent s’inscrire à ces ateliers sources de rencontres et d’émotions. En savoir plus
Jeunes et vieux, au même endroit
Ils habitent la même ville sans se connaître, sans se croiser. Emmener collégiens et résidents de maisons de retraite dans une dynamique d’écriture implique de lever de multiples freins. Valentine Passemard a conçu l’animation d’ateliers d’écriture libres et joyeux, où les plus âgés retrouvent le plaisir d’écrire des lettres, où les plus jeunes découvrent souvent la liberté du lien épistolaire.
Ecrire en toute liberté
Pour Valentine Passemard, le premier enjeu des ateliers avec les jeunes est de découvrir la liberté de la correspondance. Entrer en correspondance avec quelqu’un n’obéit à aucun cadre précis. Il n’y a pas de règle. Ni sujet, ni forme imposés… Même se tromper est autorisé ! Une rature, on reprend. Certes partager la même orthographe est utile, mais est-ce là le plus important ? Dans ses ateliers avec les jeunes, Valentine leur apprend que même les grands auteurs ont fait des fautes et sont passés du coq à l’âne dans leurs lettres. Le plus important, c’est de s’autoriser à parler de soi et d’être curieux de l’autre, dans le respect. Une liberté que les collégiens n’ont pas toujours et qui s’apprivoise au fil des ateliers.
Lancer une bouteille à la mer
Entrer en correspondance, c’est faire un pas vers l’autre et le premier pas est difficile. Pour mettre les jeunes en confiance, Valentine utilise la métaphore de la bouteille à la mer. L’atelier commence par la découverte de vraies lettres sélectionnées par la Médiathèque départementale et glissées dans de vraies bouteilles par Musair. A la lecture les jeunes devinent qui les a écrites, pour qui, et très vite se mettent dans la position de celui qui enverra aussi une bouteille à la mer…
Se souvenir
Pour les personnes âgées, l’un des enjeux de l’atelier est de les amener à la lecture bienveillante des missives qui leur sont envoyées. Deux générations séparent les uns et les autres. Lever les croyances parfois spontanément négatives à l’encontre de la « génération portable » est crucial. Valentine y parvient en amenant les personnes âgées à se souvenir de quels enfants ils ou elles étaient au même âge. Spontanément, beaucoup de souvenirs remontent qui effacent le temps et rapprochent les jeunes d’aujourd’hui et les jeunes d’hier.
Faire participer chacun
Difficultés de lecture et d’écriture pour les plus jeunes, pertes de la vue, de l’audition, de la motricité fine, chez les plus âgés : dans une classe, dans une résidence autonomie, dans un Ehpad, les participants ne sont pas tous égaux dans l’exercice de l’écriture. Adapter les ateliers avec agilité pour que chacun participe est l’un des enjeux clés de l’animation. Valentine Passemard prévoit notamment de nombreuses phases de participation orale qui libèrent la créativité avant le passage à l’écrit. Pour les personnes âgées, les auxiliaires des maisons de retraite et les médiateurs de la médiathèque locale sont de précieux soutiens pour la réussite de cette politique remarquable du département de la Seine Maritime.
Se retrouver par l’écriture
Chaque série d’atelier s’achève par une rencontre « en vrai » pleine d’émotion. Rétrospective de l’une de ces restitutions achevant la série d’atelier d’écriture Correspondance dans la ville de Saint-Etienne-du-Rouvray, Seine Maritime. Article complet dans Le Stéphanais