Mirage rouge
Tout a été dit et écrit sur les « rectangles colorés » de Rothko. Il a tout réfuté. Ni expérience de couleur, ni expérience de forme, ni abstraction, ni rapport à la religion ou à la méditation… S’il est bien normal de dire ses toiles telles qu’elles sont, des rectangles de couleur, juxtaposés ou superposés, s’il est bien normal de vouloir déceler le geste technique qui sous-tend l’émotion, son oeuvre résiste aux mots. Comme un mirage, elle est toujours plus loin. Rothko ne voulait pas que l’on voie simplement ses tableaux : il cherchait à créer une expérience de présence qu’exprime son cahier des charges d’accrochage.
- Ses tableaux sont grands, verticaux, comme une élévation de l’homme.
- Ils ne sont pas encadrés, pour garder leur puissance de diffusion.
- Ils sont proches du sol, pour mieux envelopper le corps du spectateur.
- On les pose sur un mur contrastant, d’un blanc dûment choisi.
- On les rassemble dans une même pièce, concentrés, pour activer leur résonance.
Dans cette capsule orbitale créée dans les musées qui ont la chance de posséder plusieurs de ses toiles, le visiteur pourra éprouver un rapport au temps, à l’espace et au sens qui semble proche d’un amarsissage…
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