Musair n’attend pas chaque 8 mars et la Journée internationale des Droits des Femmes pour vous faire découvrir des oeuvres ou talents trop peu connus. Vous retrouverez dans cet article toutes celles que nous avons précédemment eu envie de mettre en lumière. Aujourd’hui, un hommage à la première femme peintre à remporter le Prix de Rome : Odette Pauvert, la power girl de 1925.
Trop sollicitées par ailleurs
Sans rejoindre le cortège des pleureuses, il est évident qu’un peu de rattrapage est bienvenu. Si l’humanité porte peu ou prou une moitié de femmes depuis la nuit des temps, il est curieux de voir que celles-ci ont été trop occupées à d’autres tâches pendant des siècles pour ne pas arriver à faire carrière. Quelques-unes, de loin en loin, sont reconnues avec plus de talent, plus d’appui, et plus d’audace. Mais dans les arts, comme dans les sciences de l’ingénieur, c’est parce qu’elles ont été exclues des formations que les femmes artistes n’ont pas été plus nombreuses. Défaut de sourcing des talents.
La Révolution leur ferme la porte
L’Académie Royale, avant d’être raillée pour ses académismes, fut le lieu où les artistes, sous l’égide de Charles Le Brun, décidèrent de préserver et transmettre les règles de l’art et de la création. Une certaine forme d’ouverture et de liberté artistique, par opposition aux corporatismes héréditaires des métiers de l’artisanat. L’Académie, sans les autoriser à devenir professeur ou à concourir, admettaient les femmes en son sein, dont la célèbre Vigée Le Brun. C’est à la Révolution que les femmes se sont vues claquer la porte au nez. Elles ont ainsi été privées d’honneurs et surtout d’enseignement tout au long d’un long 19è siècle. Quelques-unes émergent néanmoins à la faveur d’autres écoles, du lobbying acharné de l’Union des Femmes Peintres et Sculpteurs et de l’ouverture du Salon à une peinture moins officielle et donc en partie féminine.
Après un siècle de black out
C’est en 1900 que les Beaux-Arts « rouvrent » un atelier réservé aux femmes, avec un programme allégé des exercices non compatibles avec leur nature, comme le Nu. Le Prix de Rome qui récompense les élèves les plus prometteurs d’une pension et d’une bourse à l’actuelle Villa Medicis leur tend timidement les bras. Lucienne Heuvelmans est la première femme primée en sculpture en 1911. Puis l’exploit, Odette Pauvert (1903-1966) devient la première femme peintre récompensée du Prix de Rome en peinture, en 1925.
Conquérante et incluante
On se consolera de cette longue absence en se disant qu’absentes de l’Académie, les femmes n’ont pas sombré dans la peinture « pompière » qui a englué tant de leurs congénères masculins dans de lassantes compositions. Mais à voir la jolie toile « Promotion 1926 » de la main d’Odette Pauvert, avec ses 3 hommes co-promotionnaires de l’Académie, on reste humble devant le courage de ces pionnières. Elles ont creusé la place des femmes dans l’éducation et dans les arts, à la force du piollet et avec la douceur des tourterelles.
Odette Pauvert avec ses copains de promo, grands prix de Rome le musicien Louis Fourestier, le sculpteur Evariste Jonchère et l’architecte Alfred Audoul . Odette Pauvert, huile sur toile, 1927. ©Académie de France à Rome-Villa Medicis
Pour réparer des injustices, admirez quelques femmes peintres, avec le ton de Musair :