Sors de ta grotte !
L’art au lycée
« Sors de ta grotte », c’était le nom de code du projet d’écriture en co-création du parcours sonore de l’exposition Mondes souterrains (mars/juillet 2024). Le Louvre-Lens a confié à Musair la conception du protocole et l’animation des ateliers, embarquant 20 lycéennes et lycéens pendant un semestre, depuis le choix des œuvres à commenter, jusqu’à l’écriture, l’arrangement musical et l’enregistrement des capsules sonores. Cette expérimentation -une première avec cette continuité et cette ampleur pour Musair comme pour le Louvre-Lens et le lycée Condorcet- a dépassé les espérances tant les élèves se sont épanouis dans l’exercice et tant l’écoute des créations provoque d’émotions auprès des publics. L’enjeu était de faire émerger les perceptions et l’expression pour que les adolescents partagent leur ressenti des œuvres avec tous les publics, et pas seulement un public de leur âge. Identifier les sensations, les rapprocher de souvenirs vécus ou d’analogies dans le monde contemporain, percevoir son émotion, oser la partager avec le groupe et l’exprimer avec des mots précis et justes : un travail de regard et d’écriture selon le parti pris de Musair qui a abouti, pour chacun des groupes et chacune des œuvres à des créations personnelles et sensibles qui ne laissent personne indifférent. L’acuité du regard de ces jeunes sur des thèmes aussi variés que le mariage, la maternité ou l’emprisonnement et la torture est saisissante.
Un projet de co création transformatif
Partant d’un premier atelier d’initiation jusqu’à l’écriture personnelle et l’enregistrement de leurs textes avec leur voix, le chemin parcouru par chacun des groupes de jeunes en une vingtaine d’heures a été considérable. Les professeurs qui ont libéré les cours pour laisser place aux ateliers ont même constaté l’évolution de l’expression des élèves dans les autres matières. Mime, modelage, visite dans le noir (presque) complet des souterrains du lycée, Musair a multiplié les expériences sensorielles pour développer la créativité. L’ensemble du processus pour les 3 groupes et les 18 ateliers a été documenté, afin d’en conserver la mémoire.
Étape n°1 : sensibilisation
Une toute première séance a permis à chacun des participants de se familiariser avec le projet et la vision de Musair. On écrit avec ce qu’on voit, sent, ressent et pas avec ce qu’on sait. Dans le partage des sensationsde chacun. Dans la légitimité des ressentis de tous. Une séance qui valorise l’être plus que le savoir, toujours surprenant en milieu scolaire !
Étape n°2 : choisir, regarder, écrire
Une quinzaine d’ateliersont ont été programmés, dont le processus conçu par Musair se co-écrit au fur et à mesure des réactions et de l’appropriation du projet par les Lycéens. Musair les invite à ressentir les oeuvres, à poser des mots sur leurs sensations, à y trouver des analogies avec leurs vies ou d’autres vies, à exprimer des émotions. Un travail d’introspection et d’expression devant les autres d’une sensibilité qu’ils préfèrent souvent cacher. Les explorateurs creusent « en eux » autant que dans les œuvres, un exercice facilité par des manipulations, comme se cacher sous une couverture comme dans une grotte et voir ses souvenirs d’enfant ressurgir ou sentir, les yeux fermés, tout ce que la forme d’un caillou peut évoquer, d’égratignures, de nature ou de saleté.
Étape n°3 : poser et écouter sa voix
Pour tous les volontaires, un grand moment que cette séance en studio professionnel où l’on entend sa voix au casque. La séance studio était précédé de séances de coaching et direction artistique, formatrices à quelques semaines de l’oral du Bac Français… De grands moments de fous rires et de … selfies !
Étape n°4 : découvrir et faire découvrir à sa famille
A l’invitation du musée, les élèves ont enfin partagé le fruit de 6 mois d’implication avec leurs parents et leur famille. Le vernissage de l’exposition leur a également permis de rencontrer les 3 commissaires d’exposition (Alexandre Estaquet-Legrand, Jean-Jacques Terrin, Gautier Verbeke) et d’entendre leur réaction à l’écoute des réalisations. Ce regard à la fois professionnel et artistique sur leur travail et tout ce que les élèves y ont mis de sensibilité n’a pas manqué de déclencher une vague d’émotion et de fierté. Il est à noter que les commissaires ont validé sans retouche toutes les maquettes des créations proposées et reconnu que pour plusieurs des œuvres, le regard des adolescentes avait transformé le leur ! Couronnement enfin du projet, pour les élèves de seconde qui avaient choisi l’œuvre de l’artiste contemporain Rakajoo Sur les quais de Châtelet, c’est du créateur lui-même qu’elles ont entendu le retour plein d’émotion… sur les quais de la station Palais Royal-Musée du Louvre où l’œuvre et la capsule étaient exposées. Une mise en abyme qui vaut bien des cours de Français ou d’Histoire de l’art !
Découvrir l’une des capsules
Le Désespoir - Auguste Rodin
Sur les quais de Châtelet- Rakajoo
La co création ? Retour des lycéens !
Ce projet, inédit dans son ampleur, a littéralement porté le regard et la voix des jeunes auprès de tous les publics de l’exposition. Musair a documenté son déroulé complet pour en garder la mémoire. Le Louvre-Lens et Musair ont bénéficié pour sa réalisation du soutien de la DRAC Hauts-de-France (dispositif culture et numérique ADNI).