Que dit la science sur les mots ?
Musair©
Chaque objet ou concept est lié à des expériences vécues. Par exemple, lorsque l’on pense à une pomme, plusieurs éléments sont activés dans notre esprit tels que sa couleur, son goût, son poids en main, le pommier que l’on connaît dans le jardin de nos grands-parents ou encore la pomme comme fruit du péché originel. Selon la situation dans laquelle on se trouve, certains éléments seront activés en priorité plutôt que d’autres. Un simple mot peut activer toute une série de sensations physiques et émotionnelles en fonction du contexte dans lequel nous sommes. Notre cerveau est ainsi fait : certaines régions sont spécialisées dans le traitement visuel ou moteur et ces différentes régions sont largement connectées entre elles. Notre cerveau fonctionne de manière associative. Cela signifie qu’il peut associer un geste à une forme ou une odeur et à des émotions. Parfois, il suffit qu’un seul élément soit présent pour qu’une cascade d’émotions et de sensations physiques nous submerge. C’est ce que Marcel Proust décrit avec sa madeleine, c’est ce que vivent les personnes phobiques à la vue d’indices rappelant leur phobie, c’est ce que vivent de manière générale les enchantés et les traumatisés de la vie.
Autre phénomène du langage : la métaphore. Cette dernière fait appel au vécu des individus, ce qui induit une simulation physique et émotionnelle de ce que ces métaphores veulent dire dans leur réalité, de par leur vécu quotidien. Selon les théories dites de la cognition incarnée, « porter » ou « payer » sont par exemple des expériences que l’on simule facilement dans notre esprit. Ainsi, dire « payer » dans « tu devras payer le prix de tes actes » est bien plus impactant que dire « tu devras assumer les conséquences de tes actes ». C’est ce que les chercheurs ayant une vision incarnée de la psycholinguistique étudient, notamment avec la théorie des métaphores conceptuelles de Lakoff and Johnson.
Que fait Musair ?
Dans une attention conjointe, l’écriture de Musair active une cascade d’associations à partir des détails de l’œuvre picturale. En narrant l’investigation de l’œuvre, le visiteur rentre dans une posture d’écoute active, il est mêlé à l’histoire portée par l’œuvre dans une rencontre qui fait écho à son histoire personnelle.
L’œuvre picturale est racontée à travers un langage figuratif, où les métaphores exprimeront les nuances de la pensée et des émotions, d’habitude inaccessibles par la description mais atteignables par l’association. Ainsi les mots justes de Musair permettront d’atteindre cette intimité avec l’œuvre, où l’histoire individuelle du visiteur et l’histoire souvent universelle de l’œuvre se rencontrent.
Comment Musair le fait ?
Des mots soigneusement choisis activeront des simulations mentales propres au vécu du visiteur, le plaçant dans une posture de mouvement immobile. L’assimilation de l’œuvre devient une traversée personnelle. Cette traversée est initiée par une activation des aires primaires du cortex visuel et auditif, dont les projections sur les aires associatives activent ensuite les aires sensori-motrices du langage, de la mémoire et des émotions.
Que se passe-t-il exactement ?
Cette rencontre commence par la surprise de l’écriture qui se réinvente pour chaque œuvre. La narration déclenche une investigation active et une assimilation progressive qui augmentent l’engagement du regardeur devant la toile. Nous rentrons dans une histoire dont les indices clés sont visibles dans l’œuvre, mais les mots et la musique choisis font à la fois écho à l’histoire racontée et à la mémoire de l’individu. L’œuvre et l’individu résonnent ensemble dans une rencontre intime. Enfin, l’esprit est préparé à l’arrivée de ce voyage : à la fin de chaque capsule, la réalité contextuelle et historique de l’œuvre émerge, au moment où une réceptivité complète est possible.
L’attention commune et l’écriture empathique des séquences Musair modifient progressivement l’état réceptif du regardeur. La rencontre se fait par la narration du vécu commun entre l’œuvre d’art et l’individu, il n’est plus en dehors de l’œuvre mais dans l’œuvre, et celle-ci n’est plus dressée au-dessus de lui mais désormais en lui.
Portée par une voix et accompagnée de rythmes, la dimension universelle de l’œuvre d’art se réalise et reprend ses droits en touchant chacun des visiteurs personnellement. L’œuvre est vue vraiment, ressentie intimement et enfin connue.