Un sport populaire
Et si le tennis renouait avec ses valeurs fondatrices ? Celles d’un jeu populaire où les générations de champions naissaient dans la rue. Le jeu de paume, très pratiqué du XIII au XVIè siècle, d’abord à la main, se jouait en plein air sur des prés arasés ou dans les rues des villes en construction. La longue paume déchainait de telles passions qu’on finit par confiner les joueurs dans des salles dédiées (plus petites, donc courte paume). Elles ont poussé comme des champignons dans les villes. Pas un château qui n’ait son court privé. François 1er et Henri IV, rois très amateurs, avaient leurs salles dans toutes leurs résidence. Celle du Château royal de Villers-Cotterêts a resurgi à la faveur du chantier de restauration et de création de la future Cité internationale de la Francophonie.
L’ensemble des règles du jeu aux origines du tennis, le jeu de paume, sont à lire dans le Traité du Jeu royal de Paume, écrit par Charles Hulpeau en 1632. BNF-Gallica.
Croire aux femmes
On a un problème de mental… Certes, Gasquet a eu peur de Nadal. Mais si on avait essayé un duel Fiona Ferro / Roger Federer ? C’est à une femme qu’on doit les grands débuts du tennis. Margot du Hainaut a fait l’histoire de ce sport, relatée dans l’Equipe de son époque Le Journal d’un Bourgeois de Paris. Ce précieux recueil de la vie quotidienne à la capitale au XVème siècle raconte qu’en 1427, sur le cours Suzanne Lenglen, Margot a ratatiné tous les joueurs du tournoi. La Française (elle était de la Team Philippe Le Bon, donc un peu française) brille par son coup droit et son revers, mais à la main, car la raquette n’est pas encore instituée. Contrairement à ce que laisse croire un vitrail à son effigie, dans le Tennis Hall of Fame de Newport (USA), réalisé au XIXème.
Croire à la fête
Avec le jeu de paume en salle naquit une autre tradition, celle du tripot. Se réunir pour suivre les tournois, parier sur les scores, éventuellement tripoter les résultats et en profiter pour boire et s’encanailler… Ca aussi c’était très français. Paris regorgeait de salles de jeu autant que de salles annexes « tripots ». Ouvertes bien plus largement que nos bars et restaurants aujourd’hui. Peut-être nos joueurs ont-ils manqué d’un peu de soutien ?
Faire des serments
Si le jeu de paume est connu aujourd’hui, c’est surtout en raison du serment qu’y firent les députés de la toute nouvelle Assemblée nationale le 20 juin 1789 : ne pas se séparer, ne pas quitter la salle du jeu de paume avant d’avoir construit une constitution qui reconnaisse le pouvoir du Tiers Etat. Bafouant ainsi l’autorité de Louis XVI qui avait tenté d’évacuer le problème en chassant les députés du tripot versaillais (la salle des Menus Plaisirs)… Jurer qu’on reconstruira une génération et qu’on regagnera un jour le tournoi, voire le grand chelem, c’est un peu révolutionnaire en ce triste 4 juin, mais impossible n’est pas français.