Cimetière marin de Quelmer

promenade sonore avec une web application musair au cimetière marin de Quelmer à Saint-Malo

Des épaves mises en mots

Comment sensibiliser les visiteurs d’un lieu à la fragilité d’un patrimoine presque englouti ? Comment partager des années de recherches historiques avec le plus grand nombre ?  L’association d’archéologie maritime Adramar a choisi les mots, la voix et la musique pour faire connaître l’histoire des épaves du site de Quelmer. Un parcours sonore écrit et réalisé par Musair, accessible par le smartphone, emmène les promeneurs dans des récits plein d’émotion redonnant leur nom et leurs couleurs à quatre navires du cimetière marin de Saint-Malo.

Le cimetière marin de Quelmer à Saint-Malo

L’association d’archéologie maritime Adramar est en charge de la présentation aux publics des bateaux enlisés en bord de Rance le long du sentier de randonnée GR34 sur le site de La Passagère à Quelmer (Saint-Malo, 35). Un temps menacées de destruction, ces épaves de vedettes de passagers, de chalutiers ou de voiliers, abandonnées au fil de l’eau au 20ème siècle, représentent un patrimoine maritime méconnu.  La DDTM, la Région Bretagne, le département d’Ille et Vilaine et la ville de Saint-Malo ont décidé de les protéger en en confiant l’inventaire aux archéologues de l’Adramar. C’est sur la base de leurs recherches que Musair a imaginé une promenade sonore.

Le regard guidé à la voix

Il suffit désormais d’un smartphone pour découvrir l’histoire, réelle ou supposée, des épaves échouées ici et remises à flot par la poésie et la musique. Valentine Passemard a composé les récits à partir des informations historiques de ce patrimoine maritime si particulier et à partir d’éléments techniques bien visibles. Ils invitent le visiteur à reconstruire ces bateaux, en imagination. L’harmonie des mots, soulignée par la douceur des voix et le choix des musiques, font de ces capsules sonores de véritables moments de contemplation et d’évasion, respectueux de l’atmosphère paisible de l’anse.

Président Raoult
Au fil de l’écoute, le promeneur est plongé dans les sensations d’un enfant réalisant son baptême de mer entre Dinard et Saint Malo sur une célèbre Vedette Verte… C’est comme un tour de manège. Montez à bord ici ! 
Koulmic
Un peu plus loin, il assiste à l’émotion de la mise à l’eau du dernier bocq à tapecul sorti du chantier naval de Paimpol. Regardez-le depuis la cale à bateaux !
V7

Un moment vibrant de ferveur et d’émotion au passage de la vedette épiscopale du Grand Pardon des Terreneuvas de Saint-Malo. Saluez-la ici ! 

Zoulou

Un dernier voyage, magique et fascinant, jusqu’au Cap de Bonne Espérance à bord du fugitif Zoulou ! Larguez les ammares ici…

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Découvrir le site de Quelmer avec Musair

Mémoires échouées

Valentine, peux-tu nous raconter le projet « Mémoires échouées » ?  Qu’a-t-il de particulier ?    

Pour la première fois, j’ai écrit pour un patrimoine dont la disparition est en cours, sous nos yeux… Mémoires échouées est un récit sonore consacré au cimetière marin de Quelmer à Saint-Malo. Des épaves de bateaux enlisées en bord de Rance le long du GR34, soumises à l’air et à l’eau et donc beaucoup plus fragiles que des épaves englouties. Ces bateaux du 20è siècle sont les témoins d’une histoire maritime, mais jusqu’à peu ils étaient considérée comme déchets et ils auraient pu être enlevés comme des pneus. Le projet contribue à la reconnaissance de leur caractère patrimonial.

Mémoires échouées

Quelles sont les parties prenantes du projet ?

C’est l’Adramar qui est en charge de l’étude et de la protection de ces bateaux. L’Adramar est une association d’archéologie maritime maître d’œuvre de recherches et de fouilles archéologiques, en France et à l’étranger. Elle a des liens étroits avec le Conseil culturel de Bretagne, qui soutient des campagnes dans le monde entier pour tracer les routes des marins bretons : une part du patrimoine régional est échoué en Bretagne, mais une part importante git au fond des mers du globe.

Mémoires échouées

As-tu des retours sur les usages des bulles sonores de « Mémoires échouées » ?  

« On est à bord », c’est le retour spontané des promeneurs qui s’arrêtent pour flasher et écouter un bateau. J’ai écrit une histoire fictive mais plausible pour chaque épave qui souligne ce que l’on voit encore de sa structure et ce que l’on sait de son histoire. Le regard prend une toute autre dimension. Sur les usages, ils sont ceux du site, ouvert aux randonneurs, aux Malouins, aux tagueurs. Avec une très grande amplitude horaire de consultation, la récup’ du runner à 9h, la promenade du chien à 20h… Et un pic de consultation l’après-midi de Noël !

Mémoires échouées

Avec la webapp Musair, ces bulles sonores sont écoutables de n’importe où. D’après toi, y a t’il des personnes qui les écoutent comme des podcasts hors du sentier de randonnée GR 34 ?

Aujourd’hui, l’Office de tourisme de Saint-Malo concentre la communication sur le site même. Il est tellement poétique en soi qu’il vaut absolument le détour. Des évènements sont prévus sur place. Mais la web-app est autoporteuse, on voyage à distance… Et on redécouvre qu’un jour nous avons mis un premier pied sur un bateau (Président Raoult), qu’un jour un ouvrier a mis à l’eau son dernier canot (Koulmic). On dit ému comme un marin breton

Le parcours Mémoires échouées vu par Muzéodrome

Omer Pesquer interroge Valentine Passemard sur ce projet si particulier, dédié à un patrimoine maritime voué à la disparition… Interview à lire en intégralité sur Muzéodrome.